Et si le retour aux urnes était inéluctable, mais pas pour l’élection que l’on croit ?
- 8 sept.
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Tout le monde voit bien que la situation politique est bloquée. Non pas parce que notre régime serait intrinsèquement en crise, mais parce que les partis politiques s’enferment dans une surenchère stérile, incapables de s’inscrire dans une véritable culture du compromis, pourtant pratiquée ailleurs en Europe. Prisonniers d’une logique de confrontation permanente, ils ne regardent qu’un seul horizon : l’élection présidentielle et son cortège d’hommes providentiels autoproclamés.
Ainsi, une nouvelle élection législative partielle ne serait pour certains qu’un simple tour de chauffe : une manière de tester les institutions, de se jauger avant 2027 et de politiser à outrance, sur un plan national, les scrutins municipaux à venir. Pour d’autres, ce serait l’assurance d’une défaite inéluctable. Chacun y projette donc son intérêt. Mais la France, elle, a besoin d’autre chose : de trancher des sujets graves, de rupture.
Dans l’immédiat, il nous faudrait un Premier ministre capable de gérer avec finesse politique la situation : proposer un budget sans rupture manifeste, assumer quelques économies, faire face aux nouvelles priorités – au premier rang desquelles la Défense nationale –, mais sans chercher d’effets de manche. Cette gestion pragmatique est nécessaire. Mais elle ne suffira pas. Attaquons-nous enfin au structurel.
Et si le déblocage du pays passait par une autre voie ? Par un référendum. Donnons enfin aux Français l’occasion de s’exprimer directement sur les sujets qui sont aux racines de notre paralysie politique et institutionnelle. N’attendons pas la campagne présidentielle pour remettre sur la table ces enjeux structurants, trop souvent écartés par manque de courage et de vision. D’autant que l’élection de 2027 sera tellement contrainte par les impératifs budgétaires qu’aucun débat de fond ne pourra émerger autrement que sous forme de caricature.
Quelques sujets majeurs mériteraient pourtant d’être tranchés, car ils sont au cœur de nos difficultés budgétaires, de l’efficacité de nos services publics – y compris en matière de sécurité de proximité – et de justice sociale :
Notre organisation territoriale. Ni tout à fait centralisée – avec un État national de plus en plus défaillant –, ni vraiment décentralisée – avec un enchevêtrement de compétences incompréhensible, source de dépenses inutiles et d’inefficacité –, notre architecture institutionnelle est à bout de souffle. Faut-il maintenir ce modèle bancal ou choisir clairement entre centralisation assumée et État fédéral ?
C’est précisément de cette organisation défaillante que découle l’impossibilité des grands changements. Tant que nous resterons prisonniers de ce cadre illisible, notre modèle social ne pourra être revu en profondeur, le dialogue social et paritaire ne pourra être relancé, et aucune réforme durable ne sera possible. Clarifier notre organisation institutionnelle est donc un préalable indispensable.
Notre mode de scrutin. La Ve République a enfermé la vie politique dans une logique d’affrontement binaire qui ne correspond plus à la diversité des aspirations. La proportionnelle – pourquoi pas intégrale – permettrait de reconnaître toutes les sensibilités, d’impliquer davantage les citoyens et surtout de créer une véritable culture du compromis, seule voie possible pour sortir de l’immobilisme.
Car le véritable mal français, c’est cet « entre-deux » inefficace, coûteux, ruineux, qui empêche les décisions claires et alimente la défiance. Il est temps de rompre avec ce système.
Alors, ayons le courage de poser les vraies questions. Organisons un référendum, non pas comme un gadget politique ou un échappatoire, mais comme un acte fondateur. Donnons aux Français la possibilité de choisir leur modèle d’organisation, leurs institutions, leurs règles du jeu démocratique.
Cessons de subir une mécanique présidentielle qui bride l’avenir. Redonnons la parole au peuple pour ouvrir une nouvelle étape démocratique, claire, assumée et porteuse d’espérance. Car c’est en tranchant enfin les grands débats que nous pourrons réconcilier les Français avec leur démocratie et remettre notre pays en mouvement.
